Campagne 2013 de sensibilisation aux risques psychosociaux: « Les signaux ne sont jamais aussi clairs »

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Des études récentes démontrent que les risques psychosociaux comme le stress, le burn-out, le harcèlement, la violence,… sont trop présents dans le monde du travail. Le Service public fédéral Emploi, Travail et Concertation sociale poursuit sa campagne de sensibilisation auprès des responsables d’entreprise et des représentants des travailleurs et met des outils à leur disposition.

En 2012, le SPF Emploi avait lancé une campagne de sensibilisation grand public contre les risques psychosociaux. En 2013, le SPF relance la thématique, en ciblant plus particulièrement les employeurs, les membres de la ligne hiérarchique, les gestionnaires des ressources humaines et les représentants des travailleurs.

Les risques psychosociaux: des risques variés

Les risques psychosociaux recouvrent des risques professionnels d’origines et de natures variées, qui mettent en jeu l’intégrité physique et la santé mentale des salariés et ont, par conséquent, un impact sur le bon fonctionnement des entreprises. 

Ils peuvent toucher tous les travailleurs, à tous les niveaux de l’échelle. Ils peuvent se manifester par du stress, un burn-out, des conflits interpersonnels graves, une dégradation du climat de travail, de la violence verbale ou physique, du harcèlement moral ou sexuel, des suicides,… Ils peuvent être liés aux conditions de travail, à l’organisation du travail, aux techniques de gestion et de management et au contexte socio-économique (insécurité d’emploi, restructurations,...).

Se prémunir des risques psychosociaux est essentiel dans la mesure où ils sont néfastes à la fois pour le travailleur individuel (maux de tête, troubles du sommeil, hypertension, dépression,...) et pour l’entreprise (détérioration du climat de travail, baisse de la productivité, de la qualité du travail,…). Les risques psychosociaux induisent donc un coût élevé pour la santé et la sécurité des travailleurs, pour l’entreprise et notre société. En Belgique, l’Institut national d’assurance maladie-invalidité (INAMI) chiffrait, en 2011, les invalidités pour des troubles mentaux de toute sorte à 34,5 % du total des invalidités. Celles-ci touchaient près de 93.000 personnes. Le coût des invalidités ayant augmenté de 37 % en 5 ans, on peut estimer le coût des invalidités pour cause de santé mentale à plus d’un milliard d’euros. Il est donc primordial de contribuer à la réduction de ce problème en veillant à garantir un environnement de travail de qualité et de bonnes relations de travail.

Quelle ampleur pour les RPS en Belgique ? Selon l'enquête nationale Belge portant sur 4000 travailleurs menée en 2010 en collaboration avec la Fondation Européenne de Dublin :

  • 3 travailleurs sur 10 (28%) ressentent la plupart du temps ou toujours du stress au travail. Cette proportion est identique pour les hommes et les femmes, diffère peu selon les tranches d'âges et touche tous les secteurs d'activités et tous les métiers.
  • Au cours du dernier mois, 13% des travailleurs ont subi des violences verbales et 7% des menaces ou des comportements humiliants.
  • Au cours des 12 derniers mois, 9% ont fait l'objet d'intimidation ou de harcèlement moral et 3% de violences physiques.
Une enquête menée en 2010 par le SPF Emploi, Travail et Concertation sociale avec les Universités de Liège et de Gand, estime à 19.000 le nombre de travailleurs touchés par le burn-out. Ce chiffre ne représente toutefois que la pointe de l’iceberg car bon nombre de travailleurs présentant des symptômes n’ont pas consulté de médecin.

La campagne 2013 Au programme :
  • un site web www.sesentirbienautravail.be;
  • des spots radio ;
  • des banners thématiques sur des sites d’information généralistes et spécialisés ;
  • un guide pratique, synthétique, avec des recommandations concrètes pour passer de l’analyse des risques à l’action en s’appuyant notamment sur la dynamique du Comité pour la Prévention et la Protection au Travail (CPPT) ; 
  • des sessions de sensibilisation pour les membres des CPPT ;
  • des sessions de sensibilisation en partenariat avec les syndicats et l’UCM notamment ;
  • un projet de recherche-action dans les entreprises qui portera sur la mise en œuvre de la démarche de prévention proposée dans le guide pratique.
 

L’objectif de cette campagne consiste surtout à inciter les employeurs, les membres de la ligne hiérarchique, les gestionnaires des ressources humaines et les représentants des travailleurs à inscrire les risques psychosociaux à l’agenda de l’entreprise. Le but étant d’en parler dans les instances comme le CPPT afin de mettre en place une démarche de prévention des risques psychosociaux qui s’intègre dans une politique globale de gestion des risques professionnels. Ces actions doivent être prises de préférence au niveau collectif et doivent être discutées au sein des organes de concertation comme le Conseil d’entreprise pour les entreprises de plus de 100 travailleurs, le CPPT dans les entreprises de plus de 50 travailleurs ou avec la délégation syndicale.

Renforcement de la loi sur le bien-être au travail Monica De Coninck a déposé un projet de loi au Parlement visant à renforcer la loi sur le bien-être au travail. Celle-ci sera discutée dans les prochains jours à la Chambre. Alors que la loi se focalisait principalement sur le harcèlement et la violence au travail, et n’abordait que superficiellement les autres risques psychosociaux au travail, cette proposition vise à renforcer son champ d’application au bien-être psychosocial en général, avec une attention pour la prévention du stress et de la pression au travail. Le but est de créer des leviers d’actions concrets afin de prévenir les risques psychosociaux. Le projet met clairement en évidence que les problèmes d’organisation du travail, de conditions de travail, de conditions de vie au travail, de contenu du travail et les relations interpersonnelles doivent être évalués afin d’établir si des améliorations peuvent être apportées pour prévenir des dommages à la santé des travailleurs.

Plusieurs outils et recherches à disposition Le SPF Emploi, grâce au soutien du Fonds social européen, a développé une série d’outils et de recherches dans le domaine des risques psychosociaux. Outre le Guide pratique pour la prévention des risques psychosociaux au travail spécialement développé pour cette campagne, les documents suivants sont mis gratuitement à disposition:


Le SPF Emploi a également mené des recherches sur le burn-out au sein de la population active belge et le retour au travail après une absence de longue durée. Des informations détaillées sur les risques psychosociaux en général peuvent être trouvées sur le site www.respectautravail.be ainsi que sur le site du SPF Emploi, dans les modules Publications et Projets de recherche.